Sujet: Notre plus grande amie est l'obscurité ♛ KOLEOS Jeu 14 Aoû - 10:37
Dans le noir l’inconnu est roi. La peur s’immisce dans vos cœurs, s’infiltre dans vos veines, possède vos sens et hurle dans vos esprits. Dans le noir vous êtes maître et vous êtes esclave. Vous êtes une ombre dans l’ombre, vous êtes tout et vous n’êtes rien. Il se cache le beau monde ! Oh oui, il se cache… L’humain trop envieux, ancien grand manie tout de son obscurité, maintenant en devient le jouet grinçant, la marionnette à la peinture coulante sur la face en porcelaine. Les deux yeux pleurant, les deux yeux regrettant. Regrettant…
Les chandelles brûlent proche du plafond en pierres froides, la lumière se disputant avec le noir dans une danse amoureuse où les corps se dessinent contre les murs humides dans des courbes féminines et violentes. C’est la valse. C’est une loi. La loi du plus fort. Tout ça en suivant le rythme d’un tic tac. Le tic tac d’une horloge trop bien réglée, taciturne et morose. Le fantôme de ces lieux, blanc comme le lys le plus pur qu’il puisse exister, assit dans son fauteuil royal, assiste voyeur à cet enlacement provocant, presque obscène.
Sur chaque lys blancs, il y a toujours ces étranges tâches noires… Proche du cœur.
▽△▽
Ça craque, ça glisse mal, et c'est plutôt désagréable. Y'a un truc à l'intérieur de ta gorge qui tire sur ton coeur et ça te dérange. Peut-être qu'une fois encore, ce soir tu devras de nouveau te regarder dans la glace en train de te déchirer la chair ? Oui, très certainement. Il faut que tu vérifies ça. Mais pourtant le tic tac est toujours régulier. Encore. C'est peut-être autre chose après tout. Un coup de froid ? Tu ne sais pas, mais dans tous les cas ça gratte, ça dérange. Il faudra que tu ouvres. Que tu respires...
La main se portant à ton cou, le regard encore rivé sur un livre, toujours assise dans ton fauteuil d'aristocrate, tu caresses cette étrange douleur tout en te délectant des pictogrammes qui sont dessinés sur le papier jaunit par le manque de soin. Le feu crépitant dans le four à bois, quelque part dans le fond de la Case, tu jettes de temps en temps un coup d'oeil aux ombres, comme si elles te parlaient. Domptant le contraste, tu te loves dans cette atmosphère, cette noirceur claire. Du clair obscur....
A un moment, sur un tic ou sur un tac, la porte s'ouvrira, ou tu ouvriras la porte. Il y aura une nouvelle entité. Un truc qu'on t'a envoyé. Un truc dont on t'a parlé. Un machin qui semble faire peur même au plus grand dur à cuir. Une chimère présentant la stature d'un monstre mécanique. Un truc intéressant. Un qui t'intéresse...
Un pion...
Alors quand la porte s'ouvrira ou que tu iras l'ouvrir quand tu sentiras la présence, tes premiers mots seront sûrement ceci :
▬ Entrez c'est ouvert, n'ayez pas peur je ne mords pas... Asseyez vous je vous en prie... peut-être qu'un thé vous ferait plaisir...
Toujours les mêmes paroles, toujours la même voix calme et suave, toujours. Routine. Tic tac. La Case est toujours ouverte. C'est un temple, un refuge, une cabane. Oui, elle est toujours ouverte.
La maison du diable clair obscur.
Koleos
Chimère
Feuille de personnage ÂGE: Dix-huit ans. OCCUPATION : La fuite. ADHÉSION : Aucune.
Sujet: Re: Notre plus grande amie est l'obscurité ♛ KOLEOS Ven 15 Aoû - 10:25
Des effluves de poussière et d'herbes séchées permettent davantage de visibilité que les chandelles chancelantes. La chimère terrifiée souhaiterait s'échapper sur le champ – mais le trajet qui l'avait menée ici avait requis trop de volonté pour que ces efforts soient ruinés ; une chance que les alentours soient évités comme la peste. Elle était là désormais, dans ce cabinet où l'avait poussée Nimcha – elle ne voulait pas la décevoir, elle devait être courageuse. Alors elle était là et au cœur de la pièce, le velours blanc attrapa son regard un instant avant qu'elle ne le détourne vers le sol. Elle ferme la porte derrière elle, prend place devant l'étoffe merveilleuse. Le souffle lui manque, elle croit défaillir sous la violence de l'angoisse ; son cœur bat à rompre les côtes de métal comme un oiseau-mouche en cage. Ce cœur-ci, toutefois, s'agite en silence.
La voix s'élève sans briser l'harmonie de l'apparition : elle aussi, est de velours. La patiente se fait violence, lève les yeux. Sous les flammes, la belle fleur paraît irréelle. Qui est-elle ? Qu'est-elle ? On ne lui a rien dit, sinon sa fonction. C'était la seule information qui importait pour l'heure, paraissait-il. Un regard circulaire lui donne une contenance ; la présence des plantes diminue quelque peu son anxiété. Elle saurait peut-être les reconnaître, chacune d'entre elles, si on la laissait s'approcher. Mais elle songe qu'elle briserait probablement tous les rangements sur son passage.
À nouveau, elle regarde la psychologue, soutient sa vue un peu plus longtemps. On avait dû la prévenir de ce qui l'attendait ; qu'est-ce qui d'autre pouvait expliquer son impassibilité face à la vision d'horreur qui s'était invitée chez elle ?
À la proposition de son hôtesse, la chimère secoue la tête. On ne lui avait jamais vraiment appris les bonnes manières.
« Je m'appelle Koleos... »
Elle ne comprend pas bien la raison de l'obscurité des lieux. Une personne si belle ne désirerait-elle pas être vue du plus grand nombre, en pleine lumière ? N'était-ce pas ainsi que cela fonctionnait ?
« … Merci d'avoir bien voulu me recevoir. »
Elle réalise que son agitation transparaît, tente de calmer ses mandibules aux mouvements perpétuels. Lorsqu'elle s'immobilise, ne reste que le lent tintement d'une trotteuse à la provenance indéterminée. Elle entreprend de régler son souffle sur la curieuse cadence. Un apaisement étrange enveloppe alors toute sa terreur. Dans son monde, les mauvaises personnes s'annoncent tambours battants et écume aux lèvres. Dans son monde, la haine et la peur augurent les plus grands dangers.
Ici, tout n'est que quiétude et velours. La dame blanche semble n'être que velours et douceur.
On aurait imaginé que le monstre fragile ne se laisserait pas si aisément abuser par la surface rutilante.
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Sujet: Re: Notre plus grande amie est l'obscurité ♛ KOLEOS Sam 16 Aoû - 18:59
Vos yeux ne voient plus. Aveuglés par cette lumière, cette chose aux courbes fines et à la peau trop lisse, vous ne voyez plus ces choses futiles, c'est choses pourtant belles. Préfèrant le part-être au être, vous vous complaisez pauvre âme fragile que vous êtes, à ce regard que vous portez sans esprit. Non, vous êtes enchanté, ensorceler par ce corps irréel. Dans votre tête ça hurle, ça se cogne contre les parois crâniennes, ça pleure et ça se déchire les chairs, mais rien n'y fait, le regard est capté, il ne veut plus ▬ ne peut plus ▬ partir, préférant le danger mortel à la raison de vie.
Alors elle tendrait la main vers votre visage et porterait ses lèvres aux votre. Elle vous embrasserait doucement et vous sentiriez les chairs froides de cette bouche pâle. Vous ne sentirez rien d'autre que la froideur de l'âme, se gelant de plus en plus avec le temps. Et y'aurait ce tic tac. Ce tic tac triste, monotone, fade. Il ferait tic, et il ferait tac. Un coup sur deux. Deux coups sur un.
C'est creux.... C'est vide...
▽△▽
Le lys blanc au milieu des roses rouges est lové là. Ton corps blanc assit sur ton fauteuil rouge sanguin d'aristocrate est lové là, morose et calme. Mort. La poitrine se levant à peine alors que l'oxygène martyrise les alvéoles de tes poumons, ton livre brun est posé las sur tes cuisses, la main aux doigts sélaciens le portant à bout. Puis c'est yeux presque translucides qui se porte sur ce chef d'oeuvre qui a passé ta porte. Le corps asynchronique.
▬ Je sais qui vous êtes...
Oh oui tu sais qui elle est. Elle est la peur de bon nombre de personnes qui passent sur le siège en face de toi. Elle est l'héroïne crasseuse de contes terribles. Elle est terrifiante la stature mécanique disent-ils. Elle est monstrueuse cette fille qui n'en n'est pas une. Elle est inhumaine, elle est laide... elle est chimère. Mais toi Nix, tu ne vois rien de tout ça. Tu ne comprends pas. En face de toi c'est un exploit de la nature, une création grandiose. Elle te semble...
Parfaite.
La chose hideuse qui se plante devant toi au corps grinçant transpirant l'angoisse, sous les chandelles qui dansent au plafond, elle te semble splendide dans la lumière qui joue sur le métal froid. Oh oui splendide mécanique soumise. Devant toi, tu sens la chose la plus humaine qu'il soit créé ici bas, dans ce monde où la saleté de l'âme règne en maître. C'est une grâce telle qui te fascine, tes yeux s'agitant à contre sens de ton tic tac, détaillant la splendeur complexe du mécanisme humain.
Y'a tes orbes trop clair qui suivent celle de la patiente, alors un coin de ton sourire étrange s'étire un instant et le livre se ferme lourdement, ton coude froisse le velours sale de l'accoudoir et ton dos se meut, droit contre le siège de ton jeu.
▬ Ne vous gênez pas ici... Ma maison est votre maison également... Et si vous voulez vous avancer vers les cadavres de plantes, vous pouvez, les mots s'élancent dans l'air toujours aussi léger qu'une plume, même si les mots semblent terribles. Marquant une pause en posant ta tête blanche sur ta main blanche, accoudée au bras rouge, tu reprends, ... J'ai oublié certains noms...
Qu'est ce qui a de plus monstrueux ? Le paraitre? Ou l'être ?
Koleos
Chimère
Feuille de personnage ÂGE: Dix-huit ans. OCCUPATION : La fuite. ADHÉSION : Aucune.
Sujet: Re: Notre plus grande amie est l'obscurité ♛ KOLEOS Jeu 21 Aoû - 21:39
Les mythes ancestraux mettent en garde contre les baisers dévorants, les baisers éreintants ou harassants ; de ceux qui mordent jusqu'au sang et des autres qui vident leur proie de l'essence vitale. Le baiser est vampirique, il est carnivore. Mais il exige que la subsistance soit attrayante.
Les monstres devraient être immunisés des baisers carnivores.
Le froissement parvient étouffé aux oreilles de la chimère, alors que les battements de son cœur embrument toutes ses perceptions. Même celle de la voix, qui se fraie alors un chemin aux accents encore plus irréels. Belle à pleurer.
« Vous saviez... et vous avez accepté. »
De quoi s'agissait-il ? L'improbable proie se sent subitement éreintée. L'angoisse épuise plus que n'importe quel exercice, car elle est l'agitation de l'esprit. Mais Nimcha ne l'aurait pas envoyée dans un piège : ce n'était pas que Koleos se sentait en sécurité auprès d'elle, mais elle lui faisait confiance.
« Vous êtes courageuse. »
Le ton est presque léger : une remarque badine, commune comme la conscience de sa propre horreur. Le bras de blanc recouvert repose, léger, sur l'accoudoir feutré. Une remarque lourde de sens, lancée presque comme une plaisanterie. Ça allait. Pour elle, on n'avait jamais fait dans la dentelle.
Le monstre de fer hésite un instant, décontenancé de l'hospitalité inattendue, puis se lève lentement. Les membres inférieurs se déploient dans un grincement inapproprié aux lieux tandis qu'elle avance précautionneusement vers un présentoir.
« On ne m'a... jamais appris les noms », souffle-t-elle, désolée, la tête baissée sur une longue tige desséchée alors que le rouge lui monte aux joues.
Elle songe à sa dernière rencontre dans la forêt interdite, à cet inconnu un peu trop aventureux et aux plantes empoisonnées. Leur aspect, leur nature, leurs effets, elle les connaissait par cœur. Mais leurs noms ?
« Seulement je connais les plantes, parce que– »
Elle s'interrompt comme au bord d'un précipice, mortifiée. Il ne fallait pas faire mention de la forêt de cuivre, de son habitat – de ses habitudes : elles étaient encore sa plus précieuse protection. Alors elle se retourne vers son hôtesse, pose l'instant d'un tic son regard sur la fleur hiératique avant de le dériver prestement sur l'ouvrage refermé.
« C'est un bel endroit... ici. Votre maison. »
Le propos sonne d'une manière étrangement pathétique. Qu'est-ce que la plus effroyable des créations pouvait bien connaître de la beauté ? Peu de choses sans doute, mais elle sait au moins que la psychologue est belle. Singulièrement belle.
Le tic tac, la pauvre ne l'entend plus qu'au loin ; loin comme ses réflexes reptiliens qui s'endorment doucement, hypnotisés de vapeurs de plantes mortes, de chandelles mourantes, et de poussières dansantes que paraît irradier le corps immaculé.
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Sujet: Re: Notre plus grande amie est l'obscurité ♛ KOLEOS Ven 29 Aoû - 12:39
Brisons. Oui brisons ces règles, ces lois. Elles sont seulement de lourdes blagues. Elles sont tellement creuses. Brisons les, faisons tomber le mur. Il doit tomber ce mur froid. Pourtant si rassurant. Si rassurant car nous avons peur. Peur de cette chose derrière, cette inconnue cruelle, si attirante, dangereuse. On a peur, mais on veut. On ne sait pas trop. On s'agite, le sang pulse peureux et excité par l'idée, cette idée alléchante, envoutante. Oh oui, on voudrait frapper ces briques froides. Après tout ce n'est que de la glace, il serait tellement simple de le faire voler en éclat. Il voudrait l'humain, il voudrait être libre, n'en faire qu'à sa tête, il voudrait entendre ce craquement cristallin quand le mur tombe. Mais c'est si dur. Si lisse.
Juste un éclat... Juste une fissure...
Mais c'est de l'autre côté, vous vous n'avez rien fait. C'est l'inconnue qui vous agresse. Elle est folle, elle est sanguinaire... Et pourtant si belle. Alors vos muscles se redissent, vous êtes tétanisé, et vous regardez ce mur froid, sombre et en même temps clair. Vous observez, angoissé, fasciné...
Tombe.
▽△▽
C'est le cou qui se tord, les yeux qui sondent. Là, sous tes yeux, la mécanique grince, elle couine, elle crie. Tu essais vainement de capter l'orbe rouge qui scintille dans la demi obscurité, où une flamme joue au creux, mesquine, terrible. Mais les autres yeux s'agitent, peureux, et le visage se tourne, pathétique. Et toi, Nix, aux creux de tes yeux, y'a aussi une lueur, une lueur curieuse, scientifique même ! Et tu te délectes de ces courbes craintives qui te préoccupent, qui se meut sous tes iris, magique. Ça t'aguiche.
▬ Vous êtes courageuse. ▬ Moi je ne fais que mon devoir, c'est vous, qui avez était très courageuse de vous aventurer ici. Très courageuse aussi d'avoir bravé votre peur... du regard des autres, et le sourire s'étire encore une fois, un court instant, mais juste assez pour être rassurant et un peu rieur,... Bon nombre de gens préfères se terraient, et flancher... préférant la sécurité de la peur, à l'insécurité de la vie... C'est toujours plus simple... d'être terrifié... Que de terrifier.
Pourtant elle semble faire ça très bien également, cette monstruosité mécanique. Elle est les deux. Le bourreau et la victime. Un cas intéressant pour toi.
Contre sa peau, entre ses gestes, tu sembles déceler un certain trouble, une certaine gêne. Mais tu te contentes de toiser cette forme qui se lève, bien plus grande que toi. Le regard léger tu cours sur ses courbes, tu détails. Tu te demandes pourquoi tant de fuite alors que la chose est si belle. Elle semble triste, désolée de ce qu'elle est. Elle semble mal. Mais pas le même mal que les autres, c'est différent... tellement différent. Et puis dans sa voix, cette pointe chaude et tellement froide, si mélancolique... du bout des sons, les ondes touchent les ronronnements de ton coeur. Et y'a cette étrange sensation, ce calme, ces picotements sous la peau, au bout de tes doigts. La gorge te démange, les maxillaires ce crispent, la sensation est doucereuse, violente....
▬ Ce n'est pas grave si vous ne savez pas les noms, après tout ce n'est pas ce qu'il y a de plus important chez une plante... C'est ce qu'elle renferme... Ses qualités, ses défauts... ses secrets... Secret.
Le mot serpente, malin, dans l'air, alors que l'entité de fer s'interrompt, la langue se bloquant, avant de repartir sur quelque chose de nouveau, d'ailleurs. Le regard cherchant une ancre pour se tenir, avoir une contenance. Et tu le suis.
▬ Koleos... Savez-vous ce qu'est un psychologue ?... Ici, entre ces murs, vous ne craignez rien. Personne ne vous entendra, sauf moi. Vous pouvez tout me dire, je ne répéterais rien à personne, même sous la pire des tortures. Vous pouvez vous abandonner, me dire les pires choses du monde, vous pouvez vous plaindre... avoir peur... être heureuse... hurler... chuchoter... Dans tous les cas je ne vous jugerais jamais. Je suis une boîte à secret. J'ai un cadenas. Vous avez la clé. Et je suis surtout là pour vous aidez....
Et étrangement, après avoir dit ça, un conte te revient en mémoire. C'était il y a longtemps, un perdu qui te l'avait raconté. Il était très triste. Il avait très mal. Tu es la boîte de pandore, cette ombre exquise. Aux creux de tes tripes il y a les plus horribles maux de la terre... et dans les abysses il y a cette chose qu'on appelle espoir...
Il faut juste du courage pour braver ses tares, et l'attraper...
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Sujet: Re: Notre plus grande amie est l'obscurité ♛ KOLEOS