Autour d’elle, le vide. Ce silence absolu qui s’immisçait dans son esprit ; la fin était proche. Capucine, pour la dernière fois, chanta. Plus forte, plus saisissante que jamais, sa voix s’éleva au-delà des murs de Close, et peut-être que sa famille l’entendait.

Droguée, encore et toujours droguée ; Capucine pleurait. Ou était-ce le sang qui coulait ? Il pleuvait, et les gouttes s’écrasant au sol étaient une ode à son cadavre. Le silence était rompu, et pourtant elle était si sereine. Les champignons ne faisaient plus effet. Ca y est, elle était libérée. Atrocement libérée ; et la solitude vint lui serrer la main. La blonde se tenait là, debout, dans les rues de la ville, les cheveux ruisselants. De sang. Elle ne souffrait pas. Elle ne souffrait plus.


*****
« Une chute profonde mène souvent vers le plus grand bonheur. », Shakespeare.

Elle est là, ta libération. Elle sonne le glas.

Et elle rit, une dernière fois. Elle pleure, une dernière fois. Elle chante, ses dernières paroles.

Elle fixe les rues, les pavés. Il n’y a personne. Et la vérité s’effondre sur elle, Capucine expire et crache du sang. 3, 4 doses de champignons. Elle ne se rappelle pas. Elle en a trop pris, ça elle s’en rappelle. Les couleurs étaient merveilleuses, chatoyantes. Les sons plus doux, plus beau lorsqu’ils effleuraient ses lèvres. Et la lame tellement moins aiguisée lorsqu’elle alla trouver son abdomen.

Pourquoi ? Comment ?

Elle ne sait plus. Mais au moment où elle s’en est saisie, le couteau sous ses yeux embrumés criait « Je vais t’aider ». Alors elle lui a fait confiance. Et le sang de la jeune femme s’écoule dans les gouttes de pluies, se dilue sur ses vêtements de soie. Elle aurait pu stopper l’hémorragie. Elle aurait du. Cependant, elle reste là, observant la mort qui s’approche. Elle lui sourit, faiblement. Elle a le teint livide, Capucine. Ses lèvres ne sont plus roses, son souffle est plus court. Et malgré tout, elle chante.

C’est tout ce qu’elle sait faire.

Chanter, pour être heureuse, pour oublier, pour aimer, pour pardonner, pour vivre. Les larmes naissent aux coins de ses yeux malheureux.

Elle veut vivre.

Enfin, elle le comprend. Son âme pleure, et le corps se fatigue à ce triste regret qui vient l'étreindre. Capucine veut vivre. Elle veut continuer ses spectacles le soir, ses balades avec Lisbet et Dae. Elle veut rire de Nix, et lui dire que jamais la psychologue n'a vu au travers de ses mensonges, s'excuser ensuite. Elle veut revoir Yume, apprendre à la connaître. Elle veut chasser les cauchemars d'Oski, sourire et l'aider. Elle veut une excuse, quelque chose pour vivre. Mais les aiguilles tournent, et son agonie exhumée, l'âme se brise. Elle pense à son inconnu, et elle rit. Elle rit de sa folie, elle rit de la vérité et elle rit car tout du long, elle a su. « Malade mentale », et les paroles meurent sur ses lèvres engourdies. Son requiem est fini, car qui d’autre aurait pu lui offrir ? Elle réalise vaguement la mare de sang à ses pieds, et écoute la pluie. Elle croit entendre une voix, son salut ; les larmes sur ses joues ne roulent que de plus belle.

« Oski ? »

Sa voix est un souffle de douleur.

« Oski, c’est toi ? »

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« La vie a une fin, le chagrin n'en a pas. », Baudelaire.


La mort est si douce, lorsque partagée. Et pourtant le cœur de Capucine se resserre dans ce qu’elle sait être ses derniers sursauts : Je suis désolée.