Questionnaire

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Depuis combien de temps as-tu rejoint les Rêveurs ? ─ Deux ans et demi

Quelle raison t'a poussé à le faire ? ─ Athènes est une guerrière. Il lui fallait une cause pour laquelle se battre, et celle des Rêveurs l’a convaincue.

En quoi consiste ton rang ? ─ Athènes est une défenseuse : elle a juré d’assurer la sécurité des Rêveurs. Pour cela, tous les moyens sont bons, mais son épée reste le meilleur.

Te rends-tu souvent sur le terrain ? ─ Pratiquement tout le temps. Son travail consistant principalement à escorter les autres Rêveurs lors de leurs missions, et à mettre hors d’état de nuire les individus hostiles à l’organisation, Athènes ne se rend que rarement au QG –celui-ci étant encore secret, il n’y a pas lieu qu’elle le protège.

Que penses-tu de la monarchie des Maîtres, du bellicisme des Rafleurs, de la persécution des Chimères et des aspirations des Rêveurs ? ─ Athènes est naturellement dépourvue de la curiosité qui anime une majorité des Rêveurs, mais à force de les entendre spéculer sur les mystères de la Prison, l’Extérieur et les moyens d’y parvenir, elle a fini par être intriguée. Elle suit donc avec un intérêt discret l’avancement de leurs recherches.

Elle n’a pas vraiment d’opinion à propos les Maîtres. Tant qu’ils n’adoptent pas de politique hostile aux Rêveurs, elle n’a aucune raison de contester leur règne.

Athènes a en revanche un avis bien tranché en ce qui concerne les Rafleurs : elle est certaine que ces individus sont dépourvus de tout principe ou sens moral, et les méprise  pour cela. La simple vue de leurs petits airs sournois lui donne envie d’aller leur foutre une raclée, alors imaginez sa fureur lorsqu’elle en surprend en train de persécuter une Chimère.
Athènes n’a pourtant pas d’affection particulière pour les Enfants de la Prison, mais pas d’aversion non plus. Son père l’a élevée dans le respect de la différence et l’idée que tous les habitants de la Prison naissaient égaux. Toutes les persécutions dont sont victimes les chimères vont à l’encontre de ces principes, et elle s’y oppose pour cette raison.
Pour revenir aux Rafleurs, le fait qu’ils soient implicitement malveillants vis à vis des Rêveurs n’arrange pas l’animosité qu’Athènes nourrit à leur égard. Elle se garde néanmoins de s’opposer ouvertement à eux, de peur d’attirer l’attention sur elle et de mettre en danger son organisation. Elle attend patiemment qu’ils frappent en premier, ou du moins, qu’ils essayent. Elle se fera alors une joie de les réduire en bouillie.




Profil psychologique

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Ce qui caractérise sûrement le mieux Athènes, c’est sa volonté de fer. C’est ce qui l’a décidée, il y a quelques années de ça, à se conformer à un code d’honneur, à en adopter toutes les vertus et les principes. Et elle s'y cramponne avec une ténacité monstrueuse, à son code, en tout temps et toutes situations, à tel point que ça frôle l’obsession, mais Athènes ne peut se raccrocher à rien d’autre pour contrôler le dragon, la tempête, la furie qui gronde constamment en elle. Car Athènes est d’une nature violente, impulsive et colérique. Mais le premier précepte de son code est la maîtrise de soi, aussi Athènes fournit-elle des efforts colossaux pour rester calme et faire preuve d’une froide détermination en toute circonstance. Il n’est pas rare de lire sur son visage des marques d’irritation, ou de voir danser dans son regard les flammes de la rage, mais Athènes s’impose suffisamment d’heures de méditation pour contenir ses passions, et ne jamais –ou presqe- brandir le poing –ou l’épée- sous le joug d’un sentiment incontrôlé.

Athènes est loin d’être idiote, mais il est évident qu’elle préfère l’action à la réflexion, c’est pourquoi elle apprécie lorsqu’une personne en qui elle a confiance lui assigne une mission ou des ordres précis, qu’elle n’a plus qu’à suivre scrupuleusement.
Athènes a tout de même reçu un minimum d’éducation de la part de son père : elle sait à peu près lire et possède les notions de base en calcul et en physionomie, ces dernières étant bien utiles à une combattante de sa trempe. Elle reste cependant beaucoup plus adroite avec les armes qu’avec les mots.
Athènes n’est pas manipulatrice pour un sou, et une piètre menteuse. Elle fait donc preuve d’une franchise désarmante la plupart du temps, et lorsqu’il s’agit de protéger un secret, la dissimulation est son meilleur atout, car Athènes n’est de toute façon pas de nature très bavarde, et sait se montrer indéchiffrable lorsque cela s’avère nécessaire.

Athènes est profondément loyale aux Rêveurs, et elle l’aurait été même sans la prescription de son code d’honneur. Car Athènes aime la sensation d’avoir quelque chose à protéger, la certitude qu’elle a de se battre pour une cause juste et d’utiliser ses talents à bon escient.
Athènes a à cœur de faire le bien, et la responsabilité ne lui fait pas peur, se force-t-elle à se répéter. D’ailleurs, elle ne devrait avoir peur de rien, la bravoure étant une énième vertu requise par son code. Et elle est courageuse, Athènes, difficile de prétendre le contraire quand on la voit s’opposer à un type deux fois plus grand et trois fois plus lourd qu’elle. La liste de ses craintes est cependant beaucoup plus longue que son air bravache pourrait le laisser penser. Athènes redoute par-dessus tout de décevoir son père, de céder à ses pulsions, de manquer de discernement et de commettre des actes irréparables, de perdre un combat, de ne plus pouvoir se regarder dans la glace sans être écrasée de honte. En un mot, l’échec la terrorise. Athènes ne s’autorisera jamais à faillir. Mais en conséquence, elle n’autorise pas non plus les autres à le faire.
Athènes, vous l’aurez compris, est terriblement rigide et plus tranchante que sa lame. Elle n’est pas très douée pour la compassion, ou tout ce qui se rapporte aux relations humaines, et peut même se montrer occasionnellement assez mesquine. Athènes ne va pas spontanément vers les autres ; méfiante, elle se débrouille toujours pour maintenir une distance (plus ou moins) courtoise avec ceux qu’elle côtoie. Elle n’a pas seulement enfoui sa colère sous sa carapace de codes et de vertus, mais aussi ses passions et bon nombre de sentiments qu’elle n’arrivait de toute façon pas à démêler ou contrôler. La vie est plus simple sans, mais peut-être un peu plus vide, aussi…

Histoire

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Athènes est née dans la chaleur brûlante du quartier Est, c’est même peut-être de là que lui vient son tempérament volcanique. Elle n’a jamais connu sa mère, une nomade impétueuse toujours à la recherche de nouveaux horizons, pour qui rester plus de neuf mois au même endroit avec le même homme avait été suffisamment pénible pour qu’elle disparaisse quelques semaine après avoir mis au monde Athènes. Elle n’a léguée à sa fille que le blond vénitien de sa chevelure et son prénom.

Athènes a grandi au sein de l’Oasis où son père, ancien maître d’armes reconverti en guide, s’était installé. Il l’a élevée seule, mais elle n’en a aucunement souffert. Cet homme à la carrure imposante et aux nerfs d’acier a su se montrer doux, compréhensif et d’une patience infinie envers sa fille unique. Athènes n’a jamais manqué de rien. Si ce n’est, peut-être, d’amis…


Athènes a sept ans. C’est une gamine maigrichonne, assez grande pour son âge ce qui ne l’empêche pas d’être vive et souple ; les habitants de l’Oasis s’amusent de la voir parcourir le petit village de long en large, un petit air revêche sur le visage, vêtue d’une tunique un peu trop grande pour elle.
Mais aujourd’hui, Athènes a mieux à faire que d’explorer –une fois de plus- l’Oasis. Accroupie dans le sable derrière un buisson décharné, elle observe cinq garçons jouer avec une magnifique balle en cuir. Ce sont les enfants d’un groupe de nomade arrivé la veille au soir. Ils semblent légèrement plus âgés qu’elle, ce qui ne l’empêche pas de voir en eux des compagnons de jeux potentiels.
Athènes ne s’entend guère avec les quelques autres gamins de l’Oasis, depuis qu’elle a accidentellement cassé une cabane en bois séchés qu’ils avaient construit, à moins que ce soit à cause du coup de poing dans l’œil qu’elle a asséné au fils du tavernier parce qu’il s’était moqué de ses cheveux. Ils étaient ennuyeux, de toute façon. Aucun ne voulait jamais jouer au ballon ou à se battre avec elle, sous prétexte qu’elle gagnait toujours.

Athènes finit par sortir de sa cachette. Elle trottine jusqu’aux garçons, plante son regard dans celui du plus grand, qui mène la petite bande, de toute évidence.
« J’aimerais jouer avec vous. déclare-t-elle de but en blanc.
Les autres la considèrent, un peu perplexes. Athènes fronce les sourcils. Ils n’ont pas l’air prêt à accepter. Pourtant, elle a bien dit « j’aimerais » et pas « je veux », comme son père lui a appris. Il paraît que c’est plus poli et moins agressif.
- On joue pas avec les filles. finit par lâcher le grand garçon dans un ricanement.
- Pourquoi ? s’étonne Athènes. On ne lui a encore jamais fait le coup.
- Elles savent pas jouer, elles font n’importe quoi. répond un autre.
- Mais je sais jouer, moi ! s’insurge-t-elle. Elle est même presque sûre, pour les avoir observé pendant un bon quart d’heure, qu’elle joue mieux que chacun d’entre eux.
- Ouais, aux poupées, peut-être ! rétorque le grand. Si t’allais les retrouver, d’ailleurs ? Allez, va-t’en !
Athènes ouvre la bouche pour se défendre, mais aucune réplique ne lui vient à l’esprit. Ils la rejettent sans raison, c’est injuste et il n’y a rien qui la bouleverse autant. Elle sent la honte lui empourprer les joues, et la colère tordre son estomac. Elle referme ses poings instinctivement.
- Va t’en ! répète le garçon en s’avançant vers elle. Va-t’…»
Le petit poing d’Athènes atterrit sur son nez avant qu’il n’ait pu finir sa phrase. La surprise agrandit ses yeux ; il tend les bras devant lui pour éviter un autre coup de poing, mais c’est un coup de pied qui vient le faucher. Il s’affale lourdement dans le sable. C’est à ce moment que les quatre autres commencent à réagir. Ils attrapent Athènes par les bras et les pieds, pour essayer de la retenir, mais la gamine se débat furieusement, distribuant des coups au hasard, mordant tout ce qui lui passe sous les dents.
Quand elle rentre chez elle ce soir-là, Athènes a un bleu sur la joue droite, la lèvre légèrement ouverte et un genou écorché, mais son père, qui la connaît bien, est plus inquiet en la voyant quant à l’état des enfants avec lesquels elle s’est battue.


Deux ans plus tard

Athènes ne frémit même pas quand son père applique l’alcool sur la griffure qui zébre son bras. Elle retient difficilement ses larmes, mais la douleur n’a rien à voir là-dedans.
«Qu’est-ce qui s’est passé, cette fois, Athènes ? »
La voix de son père est douce, comme toujours, et elle est prise d’une envie de se blottir dans ses bras. Elle se retient, là aussi, car elle a honte. Elle s’est battue, une fois de plus, alors qu’elle sait pertinemment que son père désapprouve la violence dont elle fait preuve. Seulement, elle ne peut pas s’en empêcher.
La colère lui tombe toujours dessus sans crier gare, investit son corps tout entier, la rendant sourde à toute raison. Elle brûle violemment, comme un feu de joie, et lorsqu’elle s’éteint, le mal est déjà fait. Athènes, dans ces moments, a à peine conscience de ce qu’elle fait. Elle frappe intuitivement là où ça fait mal, elle frappe fort, sans retenue ou compassion. Et parfois elle regrette, après coup, mais pas cette fois.
Cette fois, c’est Seth, le fils du tavernier -encore lui- qui a frappé en premier. Et elle ne lui a pas rendu tout le mal qu’il lui a fait, elle en est certaine. Elle ne sait plus bien comment la dispute a commencé. Elle se souvient qu’à un moment, il l’a traitée de brute, et de monstre. Elle a répliqué par un coup de pied dans le tibias, rien de bien méchant. C’est alors qu’il a prononcé la phrase fatidique. Et que la colère a pris possession d’Athènes.

« Il a dit que c’est parce que je suis comme ça que Maman est partie. Qu’elle ne voulait pas d’une fille comme ça.» articule-t-elle difficilement à cause de la boule de chagrin dans sa gorge.
Athènes n’a jamais connu sa mère, alors on ne peut pas dire qu’elle lui ai déjà manqué. Mais elle s’est parfois interrogée sur les raisons qui l’avaient poussé à partir. Et jamais elle n’avait imaginé que ce puisse être à cause d’elle. C’est une idée affreuse, douloureuse, et elle en veut terriblement à Seth pour la lui avoir exposée. Et surtout, elle a peur. Peur que ce soit vrai, que son père le sache, et qu’il la déteste sans rien dire depuis des années parce qu’elle a fait fuir la femme qu’il aimait.
Son père a un sourire compréhensif.
« C’était très cruel de sa part, Athènes. Je pense qu’il a mérité sa raclée. Ta mère était exactement comme toi, tu sais. Elle piquait des crises monumentales. Elle est partie avant que tu ne fasses ta première, c’est dommage d’ailleurs, je pense que voir que sa fille lui ressemblait autant l’aurait peut-être convaincue de rester… »
Athènes est tellement soulagée qu’elle éclate en sanglots. Son père lui ébouriffe les cheveux, affectueusement.
« Mais il va quand-même falloir que tu apprennes à maîtriser la tempête qui est en toi, gamine. Tu ne peux pas casser la figure à tous les crétins de la Prison, ou il ne restera plus grand monde, et Grausamkeit ne va pas apprécier. Tu n’aimerais pas qu’elle envoie Jäger te punir, crois-moi. »


A partir de ce jour, son père enseigna à Athènes la maîtrise de soi en parallèle au maniement des armes, car le talent de sa fille en matière de combat n'était pas de ceux qu'on laissait s'amenuiser. Il lui transmit le code d’honneur auquel lui-même s’astreignait, partagea avec elle ses séances de méditation, lui offrit, après quatre ans d’entraînements quotidiens, sa première épée.
Athènes apprit à aimer se battre avec élégance, retenue et efficacité, tout comme elle parvint, après des années de discipline, à enfermer au plus profond d’elle-même la tempête qui avait fait tant de victimes dans son enfance.
Athènes quitta l’Oasis à dix-huit ans, avec la bénédiction de son père. Il savait qu’elle avait besoin, comme il l’avait fait à son âge, de voir le monde de ses propres yeux, et qu’elle était désormais suffisamment forte pour faire face à la dure vie que menait la plupart des autres habitants de la Prison.
Il la laissa partir après lui avoir donné un dernier conseil : « Trouve des gens de confiance, Athènes. Personne ne survit seul bien longtemps, même avec une épée aussi tranchante que la tienne. Et trouve une raison de te battre. ».
C’est ce qu’elle fit. Elle rencontra les Rêveurs.