J’imagine que si l’on ne m’connait pas par mon nom, on peut sans doute me reconnaître par l’un de mes très charmants sobriquets. Trash, ou l’ordure. Le rat. Le trafiquant, cette crapule. La classe, quoi. J’les compte plus, à vrai dire. Et j’suis loin de tous les connaître, surtout. Si vous désirez m’en trouver un nouveau, faites la file comme tout le monde. Putain, j’suis quoi moi, une machine distributrice? Bon, d’accord, c’est un peu ça. Mais c’est pas tout à fait l’idée.
Ouais, j’suis marchand ambulant. Mais pas le genre qui vend des hot-dogs ou des friandises. De toute façon, j’crois pas que ma gueule s’y prêterait. Mes chiens chauds, je les boufferais fort probablement tout seul. Non, moi, j’suis le mec qui vous dégote des trucs parfois utiles, parfois pas très nets. J’suis le gars louche qui peut vous aider à vous démerder dans cette poubelle qu’est Close, et plus particulièrement le Quartier noir. N’allez surtout pas croire que je livre mes infos gratis, hein, bande d’ingrats. On paie, comme pour mon stock.
Commencez donc par savoir où me trouver, hein. Vous savez c’que c’est dans le business, faut se faire désirer. Faut surtout apprendre à échapper à ceux qui n’auraient pas très bien compris ma politique de vente et qui hurle à qui le veut qu’ils se sont fait arnaquer. Ben voyons. Ils se sont fait avoir par leur propre stupidité, voilà tout.
Joueur
Pseudo ─ Call me Batman Tresh Âge ─ 20 ans Avatar ─ Spidereye - Creature13
Questionnaire
Comment t'es-tu débrouillé à Gefängnis jusqu'à présent ? ─ Y’a pas grand-monde qui connait mieux les recoins tordus et décrépits de Close que moi. Je mérite mon surnom de merde. Ouais, j’suis un rat. Une ordure. Je me faufile partout. Je me contente de peu, et très franchement, je m’en satisfais. J’ai toujours vécu ici. J’suis accro à l’adrénaline qui me parcourt comme un choc électrique lorsque je fuis, que je vole, que tabasse pour ma propre vie. Vous savez, ces bestioles sont connues pour leur capacité d’adaptation hors du commun. J’suis comme elles. La crasse, le sang, la pisse, j’m’en branle. C’est c’qui m’rend si utile. C’est c’qui m’rend si vivant.
En quoi consiste ton métier ou ton occupation exactement ? ─ Généralement, je vends un peu de tout. Rien de bien fou, rien d’étrange ou de suspect. D’la bouffe, des médocs, des infos. Ce qui est douteux, c’est la manière dont je me procure ma marchandise, mais ça, ça ne vous regarde pas. Mon stock change régulièrement, tout dépendant de ce que je réussis à trouver, à troquer, à acheter par de l’argent ou par les menaces. J’pourrais faire autre chose, ouais. Mais j’adore être cette ombre qui rase les murs de Close, toujours en quête d’un nouveau butin.
Quelle attitude adoptes-tu vis-à-vis des Perdus ? ─ J’leur crache pas dessus, eh. Ils rapportent, ces guignols. Il y en a toujours un pour me chercher partout après avoir entendu parler de moi. Après avoir entendu dire que j’peux leur vendre de la bouffe, de l’eau fraîche, des bandages à un bon prix. Que s’ils veulent savoir où crécher dans l’espoir de revoir la lumière du jour à leur réveil, j’suis leur homme. Que j’connais un gars qui connais un gars qui pourrait «disposer» de ce type qui les emmerde. Que j’sais où on peut trouver les meilleures putes en ville. Et après, ils viennent pas d’ici, ces cons. Ils ont tellement besoin de mon aide qu’ils gobent tout. Ouais, ces poissons mordent facilement à l’hameçon et me donnent tout leur pognon dans l’espoir de survivre.
Que penses-tu de la monarchie des Maîtres, du bellicisme des Rafleurs, de la persécution des Chimères et des aspirations des Rêveurs ? ─ J’en ai rien à cogner. Dans un monde comme celui-ci, c’est chacun pour soi, et si tu sais pas te démerder, t’as qu’à crever. Tant que j’me considère heureux, j’ai pas à râler. Si jamais j’en ai assez, la mort c’est bien aussi. C’est doux. C’est calme. Les Rafleurs sont des crevures, c’est bien connu. J’crois pas qu’ils finissent par arriver à quoi que ce soit, mais on ne sait jamais. Vaut mieux ne pas écouter leur discours débile. Ouais, la monarchie est pourrie, mais j’aimerais qu’on évite d’avoir encore pire. C’est bien beau se faire chier dessus, mais j’suis pas scatophile. Les Rêveurs, quant à eux, feraient mieux de s’enlever les doigts de dans le cul et s’ouvrir les yeux. C’est des conneries. Ça ne les mènera jamais à rien.
Profil Psychologique
«Tresh? Le Rat? Ben voyons. Ce gars est juste bon à se cacher et à piquer des merdes bon marché pour les revendre. Pour le reste, il est le pantin de quelqu’un, c’est clair. Et il veut avoir affaire avec moi? Quelle bonne blague!» Du moins, c’est ce que j’ai dit lorsqu’un contact m’a signalé que ce petit marchand magouilleur avait quelque chose à me proposer. Tu comprendras que j’ai autre chose à faire que d’écouter les requêtes de ces insectes de la trempe de Tresh. Mes contrats ne peuvent être achetés par tout le monde, ça tu le sais. Mes services se méritent. Et pourtant, j’ai fini par accepter de le voir. Certaines rumeurs m’intriguaient, à vrai dire. Je le croyais trop insignifiant pour pouvoir réellement se débrouiller aussi bien que ce qu’on disait. Pour qu’il puisse se procurer des choses pour lesquelles je dois moi-même m’arracher les cheveux pour mettre la main dessus. Certaines personnes ont fui devant mes questions le concernant, leurs yeux exprimant une terreur presque palpable. Ça m’a mis la puce à l’oreille. Et s’il jouait à l’imbécile? Enfin, si jamais il n’était vraiment qu’un con, j’allais perdre mon temps.
On m’a donc mené à lui. L’endroit? Je ne m’en souviens plus trop. C’était dans les tréfonds de la ville, là où il se tapit. Là où seules les pires ordures de Close s’aventurent sans trop de crainte. J’ai honte de l’avouer, mais son allure m’a d’abord dupé. Une grande silhouette recourbée dans ses vêtements rapiécés et cinq fois trop grands pour lui. Sa tignasse noire et emmêlée qui lui bouffant le visage, lui-même bourré de cicatrices. Des cernes encadrant ses yeux, des mains squelettiques, une tronche de fouine pas très nette. Un grand sourire narquois et un peu idiot. Crasseux, le type. C’est l’éclat de son regard qui m’a détrompé. Je ne saurais comment le décrire, mais dans mon métier, on sait reconnaître les hommes dangereux. J’ai compris assez vite qu’on ne joue pas avec le Rat.
Ses yeux, putain. Ses yeux. Ils surveillent tout. Remarquent chaque détail. On y décèle une intelligence inquiétante. Il est malin, le bonhomme, ne te méprend surtout pas. Il observe avant de frapper. Creuse jusqu’à trouver ton point faible, ce avec quoi il peut te briser, te faire chanter. Cache sa force sous ses guenilles, sa rapidité sous ses mouvements faussement lents et paresseux. Lorsqu’il a sorti le pognon promit pour ma tâche, j’y croyais tout simplement pas mes yeux. Comment est-ce qu’un gars avec une allure aussi misérable que lui pouvait amasser cette petite fortune? J’ai continué à croire qu’il obéissait forcément à quelqu’un. Qu’il ne pouvait pas œuvrer seul. Mais maintenant, j’le connais bien. Je sais qu’il préfèrerait se pendre plutôt que de perdre sa précieuse liberté. Il fait ce qu’il veut quand il veut. Il n’en a rien à battre. Parfois, je l’envie, ce petit con.
Les ragots circulent à propos de ses Gelds. Personne ne sait combien il a exactement, ni où il les cache. Sûrement dans les profondeurs de la merde du Quartier noir. Même moi, j’me risquerais pas à chercher. Vaut mieux se mêler de ses oignons. Bonne chance pour les lui piquer, mec. Si tu le crois futile, c’est parce qu’il le veut bien. On n’a de cesse de le sous-estimer. De le prendre pour un abruti, pour un débutant, un sous-fifre. Mais il est fourbe, ce débris, il est bas, profiteur, bon acteur. Un peu bourru mais enjoué. Sans aucun putain de tact. Étrangement attachant. Ouais, t’as bien compris. Attachant. Comment il fait? Je n’en ai aucune idée. J’imagine qu’il joue sur ce côté un peu niais de sa personnalité. Il pourrait être cette personne avec qui on prend un coup, qu’on échange quelques plaisanteries. Il pourrait tout simplement être ce gaillard un peu louche qui nous aide à retrouver notre chemin dans la ville. Il est celui qui t’apporte de précieux conseils concernant la capitale et ses habitants. Celui que tu écoutes et que tu remercies au coin d’une ruelle, et si t’as de la chance, tu ne le reverras jamais. Tu te souviendras toujours de son sourire et de son regard perçant.
C’est un bon vivant, voilà tout. Il est vivant – plus que toi et moi réunis. J’sais pas comment expliquer. Tu me diras qu’il est fou, mais il adore ce qu’il fait. Tant qu’il a un peu d’action dans sa vie, qu’il ne crève pas de faim ou de soif, qu’on lui donne des femmes et de l’alcool, il est heureux. C’est tellement simple que c’en est presque stupide. Tresh est dans son élément, ici. C’est une saleté générée par le Quartier noir. Il est à la fois trop simple et insaisissable. Il ne pense pas comme nous. N’agit pas comme nous. C’est lui, Tresh, le Rat. C’est l’ombre crasseuse qui rase les murs délabrés de Close, qui y vit et respire son air pourri comme si c’était normal. Comme si c’était sain. C’est son habitat naturel, son terrain de jeux. Tout le monde a déjà entendu parler de lui, l’a déjà entrevu. Et pourtant, on continue à douter.
Tu m’crois toujours pas, hein? On ne me croit jamais. C’est comme tu veux, mais fais gaffe.
Le son de cette voix fluette me fait retourner, interloqué. Une fillette. Rien que ça. Elle doit avoir gros maximum treize ans et ressemble à n’importe quel autre gosse qui essaie de survire ici. Cheveux en bataille, crasseuse, un air de chien battu qui lui colle au visage. Ç’a l’air con, mais les gamins et les Perdus m’accostent souvent. Ou encore pire, les gamins Perdus. J’sais pas qui a la brillante idée de les rediriger vers moi comme si j’étais un putain de babysitter. Tonton Tresh? P’têt’ pas, non. Ils sont clairement pas des clients rentables. S’ils avaient un minimum de fric, ils ne demanderaient pas mon aide. J’hausse un sourcil en croisant les bras.
-M’ouais, c’moi. Tu m’veux quoi? T’as b’soin d’un truc?
Intimidée par ma voix rauque et mon air peu amène, elle semble se recroqueviller sur elle-même comme un bernard-l’hermite. Ça m’donne envie de la botter comme le misérable animal qu’elle est.
-On… on m’a dit que vous pouviez m’aider.
Je n’essaie même pas de réprimer un claquement de langue agacé.
-On dit des tas d’trucs sur moi. Alors? Tu veux quoi?
Accouche, putain. J’ai pas qu’ça à faire, j’attends ce mec pour la transaction la plus importante de la semaine. Je passe mes doigts dans mes cheveux pour les dégager de mes yeux et ainsi mieux la voir. Elle me fait un peu penser à moi lorsque j’étais encore qu’une larve, c’te môme. Quand ma propre vie ne valait pas tellement plus que celle d’un cafard. J’imagine que j’réponds encore à ces tafioles parce que j’ai un peu pitié d’eux.
-Il parait que vous pourriez me trouver un endroit où dormir en sécurité, qu’elle couine.
Je soupire. Ça, j’en connais, mais on sait jamais pour combien de temps ces refuges peuvent être sûrs. Je lance un coup d’œil discret autour de nous. Disons simplement que si un connard écoute, son espérance de vie va chuter.
-Okay, bon. J’connais une dame qui peut t’héberger, mais compte pas sur moi pour t’y amener. Démerde-toi avec mes indications.
Elle hoche vigoureusement de la tête, les yeux brillants. Décidemment, j’ai envie de la botter. L’idée de la mener directement dans un véritable nid de crapules pires que moi m’effleure l’esprit, mais je n’en fais rien. Une mort de plus sur ma conscience quasi inexistante ne me ferait pas grand-chose, mais j’imagine qu’aujourd’hui, j’ai envie d’appliquer le principe de la bonne foi. Je lui explique en détail quels chemins emprunter et les endroits à éviter à tout prix. La p’tite est tellement concentrée qu’on dirait qu’elle louche. Elle veut tout assimiler, vivre une journée de plus, mais disons que j’miserais pas grand-chose sur ses chances de ne pas crever.
-T’as compris? Allez, dégage.
T’es tellement gentil, Tresh. T’es l’meilleur. Ta générosité est sans borne. Attends, mec, j’vais en pleurer.
Ouais, j’sais.
Mes mains tremblent. Elles sont moites. Mes lèvres sont sèches. Dégueulasses. J’ai à la fois chaud et froid. J’me comprends plus. Mes yeux, eux, restent fixes et décidés. Froids. Je contrôle mon expression pour qu’elle reste neutre. Faut pas qu’on lise ma peur. Faut pas. Faut pas. Faut pas, putain. Pourvu qu’on ne remarque pas mes mains.
-Alors, petit? J’te donne dix Gelds pour ces perles. J’suis généreux.
Je déglutis. Dix? T’es débile, vieux con. Si tu savais ce que j’ai risqué pour piquer ça à cette pute snob, tu me donnerais plus. Dix Gelds. J’irai pas chier loin avec ça. Je demeure impassible. Je maîtrise ma voix fluette d’adolescent qui mue.
-Non. Vingt.
Il éclate d’un rire tonitruant. Je joue avec le feu, j’le sais. Il me domine de toute sa taille d’armoire à glace. J’suis rien, sinon un minuscule cafard dégoûtant. Et pourtant, j’lui tient tête. Je les veux, mes vingt putain de Gelds. Je me fais jauger de façon méprisante.
-Tu t’prends pour qui? Cinq c’était déjà bien. Que tu vives, c’est déjà bien. Écrase.
Non. Non, j’vis pas. C’est pas une vie, ça. Je survis, c’est tout. J’ai besoin de cet argent pour être vivant. Je ne m’écraserai pas. Je ne ramperai pas. J’ai un avantage sur ce gros tas de merde. Close, je la connais sur le bout des doigts. On ne me remarque pas encore, on ne se méfie pas de moi et j’entends tout. Tu n’as aucune idée de ce que l’insignifiante ordure que j’suis pourrait retourner contre toi, l’affreux. Surveille ton cul.
-Vingt.
Son regard change. Je remarque aisément qu’il en a assez de moi, mais j’vois pas le coup partir. Une douleur sourde. Le sol froid. Mon sang chaud qui cascade le long de mon visage. J’l’ai aurai quand même, mes Gelds, crevure.
Sa gorge est tellement chaude et douce sous la lame de mon couteau. Délicieusement fragile. Je sens son pouls s’affoler, sa respiration s’étrangler. Une pathétique poupée de chiffon entre mes mains. Un mouvement, un seul, et il se videra de son sang contre les dalles froides de la ruelle. C’est presque trop facile, mais j’ai pas particulièrement envie de le zigouiller. Je préfèrerais même l’épargner, mais s’il doit crever pour qu’on me redonne ce qui m’est dû, eh ben soit. J’suis généreux. Je démerde pendant un temps. J’peux avancer un certain montant pour que t’arrêtes de ramper dans la merde et avaler de la pourriture pour rester en vie. Mais ç’a un prix. Tout a un prix, et un jour, faut le payer. Et avec moi, ça coûte cher. Parfois plus que tous les Gelds que t’as en poche. J’appuie légèrement, juste assez pour faire perler un peu de sang. Un haussement de sourcils, un sourire en coin. Mon otage qui gémit. J’observe froidement le désespoir sur les traits du type qui se tient devant moi.
-Alors? On s’décide? Tu m’verses au moins les intérêts sur c’que tu m’dois. J’vous laisse tranquille pendant un mois, toi et ton mioche.
De toute façon, si tu refuses, je m’arrange pour que vous disparaissiez de la surface de ce monde, et que l’argent que tu caches jalousement dans ta piaule se retrouve dans mes poches. J’sais, j’sais. Ça fait tellement cliché. Mais les faibles bougent toujours plus rapidement leur cul lorsqu’un être cher est en danger. La plupart du temps, ça marche. C’est pas pour rien que c’est si souvent utilisé. Je le vois trembler, regarder de tous les côtés. Il cherche une issue, mais n’en trouvera pas. C’est fichu. J’empoigne le gamin par ses longs cheveux gras en soupirant.
-Allez, quoi, c’pas si dur! Oui, une fois. Oui deux fois…
Le pauvre craque.
-Mais j’ai besoin de cet argent! Pitié!
Enfin. Il ouvre la bouche. C’était pas trop tôt. J’affiche une moue faussement désolée, penchant la tête sur le côté. Mon arme menace toujours la vie de son fils.
-Mais moi, aussi, mec. Moi aussi. J’suis tellement désolé qu’on puisse pas trouver un terrain d’entente.
T’as eu assez de temps pour me rembourser, ducon. J’suis gentil, allez, fais pas chier. Je change légèrement la position de ma victime et laisse ma lame déchirer sa chair. Son sang poisse mes mains, mais n’éclabousse pas mes vêtements. C’est déjà ça. Je laisse tomber le petit corps sans aucune délicatesse sous les cris du père. Je range le couteau tout en m’avançant vers lui.
-Oh ta gueule. J’ai pas touché l’artère. Si t’agis vite, il vivra, que je lâche en essuyant mes mains ensanglantées contre sa chemise déjà crasseuse. Mais oublie pas, hein. Demain sans faute.
Bien sûr que t’as pas envie de rembourser te dettes et te retrouver une fois de plus sans logis, sans protection et sans le sous. Mais j’ai mes priorités. J’ai mes règles. Personne n’y échappe. Elles sont les mêmes envers tout le monde, j’suis équitable. Parfois, prêter rapporte encore plus que vendre. C’est l’art des intérêts.
Je quitte la ruelle sans un regard en arrière. Tout est étonnamment tranquille. Pas un chat pour me voir me faufiler entre les bâtiments.
Lentement mais sûrement, je deviens meilleur. Meilleur tricheur. Meilleur menteur. Profiteur, arnaqueur, trompeur. Bref, tous ces qualificatifs plus laids les uns que les autres qui finissent en «eur». Je fais partie de tous ces connards qui peuplent Close. Mais sincèrement, est-ce que j’ai déjà été mieux qu’eux? Plus pur? J’en doute. J’pourrais me défendre en disant qu’au début, au moins, c’était pour une bonne cause. Avant que j’y prenne goût. Que je me rende compte que j’avais du talent. Que j’vaux mieux que ça. Que ma vie ne sert pas qu’à essuyer la merde que mon père laisse derrière lui. D’ailleurs, le regard dégoûté qu’il me lance me donne envie de lui crever les yeux, de les sortir de leurs orbites et de les lui faire bouffer.
-C’est tout? qu’il lâche en désignant la pile de Gelds sur la table.
J’hausse les épaules. Comment ça «c’est tout», vieux con? C’est plus que ce que t’es capable de nous ramener en un mois. Ferme ta gueule, je devrais garder ça pour moi et foutre le camp. J’fais pas ça pour toi, non. J’le fais pour elle. Ton autre rejeton. J’sais que tu la trouves inutile parce qu’elle te ramène pas de pognon. Tu feras pas d’elle une pute pour pouvoir t’en mettre encore plus dans les poches et accumuler les dettes. Je le défie du regard. J’ai plus neuf ans, le débris. J’en ai dix-huit. J’ai plus peur de toi. J’pourrais te zigouiller n’importe quand, alors fais attention à la manière dont tu me traites, veux-tu? Il reste silencieux et ne bouge pas d’un pouce. Il sait qu’il se fait vieux et qu’il a de moins en moins de contrôle sur moi. Il entend parfois les gens murmurer mon nom dans les rues et devine que je commence à inspirer la crainte. Je penche la tête, souris et sors un sac de ma poche. Je le fais tinter en affichant mon air le plus arrogant.
-T’entends ça? C’est le reste du fric. À partir de maintenant, j’en garde soixante pourcent et tu t'démerdes avec le reste. Si t’as un problème avec ça, essaie de me refaire le portrait comme avant. On va voir si t’en es toujours capable.
Il ne dit rien, le paternel, mais il fulmine. Dans ses yeux, je vois la haine à l’état pur. Tant mieux. Vas-y. Hais-moi. J’en ai rien à foutre.
Si je regarde des deux côtés de la rue avant de traverser, c’est pas pour éviter qu’on me renverse. C’est pour m’assurer qu’il n’y a personne. Ici, même au beau milieu de la nuit, on sait jamais. J’ai rarement peur, mais la possibilité qu’on la découvre me donne l’impression que mes tripes se tordent. D’après ce que je vois, personne ne m’observe. Aucun moyen de savoir si j’ai raison ou non, faut que j’me fie à mon instinct. Heureusement, elle change souvent d’abri. Les cachettes, c’est sa spécialité. Tel une ombre, je me faufile le plus discrètement possible à l’intérieur du bâtiment. Il fait aussi noir que dans le cul d’une vache, mais je me déplace sans trop de mal. Ma vision nocturne n’est pas trop à chier et je me fie à mon ouïe. Je finis par entendre un chuchotement apeuré.
-Tresh?
C’est elle. J’avance vers la source du bruit et dépose doucement le sac rempli de vivres et d’argent.
-C’est moi, que je souffle.
Je sens sa main m’agripper. Elle est glacée. Je m’accroupis. Je distingue à peine le visage de ma sœur, et honnêtement, j’en suis soulagé. J’ai pas envie de voir le désespoir qui a déformé ses traits. J’suis assez fort pour bien des trucs, mais pas pour ça. Pas pour ça.
-Ils vont me trouver un jour, tu le sais? Il veut qu’on souffre. Il arrêtera jamais.
J’acquiesce tout en sachant qu’elle ne peut pas voir mes mouvements. En fait, elle ne verra jamais rien du monde qui nous entoure. Dans notre monde, on vous laisse tomber au moindre handicap, à la moindre faiblesse. Elle est déjà chanceuse d’être en vie, si vous voulez mon envie. Ce serait plus simple de mettre fin à ses souffrances, de la tuer proprement. Mais encore là, j’suis pas assez fort pour. J’sais pas si c’est miséricordieux ou cruel de ma part. Peut-être un peu des deux. Je dépose un furtif baiser sur son front.
-Désolé.
Je la laisse là. Seule. J’ai fait ma part, tout ce que j’ai pu.
Désolé.
Ça n’a pas été assez. Ça ne sera jamais assez. Tout ce que j’ai toujours voulu, c’était de nous protéger de ses conneries. Il n’a plus la force ni les relations adéquates dans Close pour me faire chier, mais il peut te faire du mal. Et ça, ça m’atteint. Il le sait.
Sujet: Re: Tresh – more like trash. [DONE] Ven 5 Déc - 7:01
Désolée, j'ai eu pas mal de trucs à régler ce mois-ci. Je vous rassure: ça avance et je devrais poster l'histoire d'ici peu (no shit bros, cette fois c'est vrai :'D) Bref, j'suis vivante 0/
Sujet: Re: Tresh – more like trash. [DONE] Mer 10 Déc - 11:29
Bienvenue
Et bien, je dois avouer que j'ai un petit faible pour ton Tresh! J'ai beaucoup aimé ta fiche, la narration est super et je dois dire que ton écrite est géniale. Bref j'adore! Le personnage est bien pensé...Bref! Je n'ai rien qui me retiens de te valider. Au plaisir de se croiser en rp ♥ Félicitation ! Pour ta validation, tu reçois 10 Gelds, 1 Haut-Fait et une Souricette afin de t'aider à survivre à Gefängnis. Tu peux maintenant aller t'aventurer au cœur de la prison à tes risques et périls. Pense à créer ta fiche de relations, ton inventaire et ton compte-rendu d'objectifs, qui t'aideront à gérer ton personnage.