Nom ─ Hurle Âge ─ vingt-neuf Anniversaire ─ 22 juillet Quartier d'origine ─ Central Métier ─ cerveau & chef Adhésion ─ rafleurs
Musique de fond
Réputation
Hurle - le grand méchant loup de la prison. L'homme qui a créé les Rafleurs. L'homme qui se fiche éperdument du nombre de victimes qu'il peut faire. Un ambitieux. Un salaud. Un monstre. Un homme qu'on ne voit jamais, mais qui est toujours là, derrière chaque attaque, chaque assaut, chaque rafle. Un chef brillant, mais qui emploie mal son intelligence. Un être indifférent à la souffrance des autres. Un tyran en devenir. Un fanatique. Un imbécile dangereux. Un homme sans parole. Une ombre que l'on craint. Un croque-mitaine. Un génie. Un prophète. Un chef. Un dirigeant exemplaire. Un maître. Un homme.
Un homme qui hurle sa souffrance en silence, peut-être.
Joueur
Pseudo ─ A.L Âge ─ 21 Avatar ─ Xanxus ; Reborn.
Questionnaire
Depuis combien de temps as-tu rejoint les Rafleurs ? ─ Je suis les Rafleurs, et les Rafleurs sont miens. Je suis là depuis toujours, depuis plus longtemps que n'importe qui d'autre. Les Rafleurs n'existeraient pas sans moi, car je suis le fondateur.
Quelle raison t'a poussé à le faire ? ─ La haine. Cette haine dévorante qui me ronge depuis la mort de ma mère. Cette haine qui me consume progressivement, qui me fait oublier qui je suis, qui m'a fait devenir l'homme que vous connaissez. L'envie de tout remettre en question, de tout ravager, de tout détruire, s'est profondément implantée dans mon cœur. A présent, j'ai presque l'impression de ne vivre que par la haine. Je suis un Rafleur parce que je ne peux plus supporter le monde qui m'entoure. L'enfermement. Ces imbéciles de Trois Dirigeants qui croient qu'ils pourront à jamais garder le pouvoir. Les êtres qui ne sont même pas humains et que l'on qualifie de chimères. Je ne le fais pas pour m'amuser, mais parce que je nourris de la rancune envers presque chaque aspect de mon existence. Peut-être cette haine est-elle d'autant plus forte que je me sens coupable, que j'ai l'impression d'avoir échoué. Que je ne suis, au fond, qu'un lamentable homme qui est incapable de prendre ses responsabilités. Peut-être que je l'ai fait pour elle. Pour Aradia.
En quoi consiste ton rang ? ─ Je suis au sommet de la hiérarchie, ce qui implique que de nombreuses responsabilités qui m'incombent. Mais concrètement, si je devais simplifier, je dirais ceci : ma parole fait loi. Je suis un ambitieux, et n'ai que faire des subalternes qui ne sont pas capables de suivre les directives. C'est moi, le cerveau. Je décide, ils exécutent. Les autres ne vivent pas bien longtemps. Je suis celui qui décide ce que l'on fait, quand on le fait, et comment on le fait. Mais je ne crains pas de faire les choses moi-même ; on n'est jamais mieux servi qu'ainsi. Je monte nos projets, j'organise les pillages auxquels on s'adonne, et surtout, je monte sur pied un programme qui me permettra de renverser les Maîtres. Quitte à moisir ici, je préfère autant être moi-même sur le trône.
Te rends-tu souvent sur le terrain ? ─ Honnêtement, pas tant que cela, j'ai bien trop de choses à faire. Même si j'ai un second qui m'aide énormément, et à qui je voue une confiance aveugle, et des officiers de qualité, je ne peux me permettre d'agir par moi-même dans la plupart des cas. Tel est le travail du général : se tenir en retrait pour mieux évaluer la situation. Si je devais participer à chacune des opérations que je monte sur pied, je ne pourrai plus diriger correctement mon organisation. Cela ne m'empêche pas de me rendre sur le terrain, par moment, quand il y a quelque chose que je suis le seul à pouvoir faire notamment, ou lorsque j'estime que c'est nécessaire pour que le plan fonctionne. De toute façon, je préfère rester dans l'ombre ; on craint beaucoup plus facilement quelque chose que l'on ne connaît pas concrètement, et ma réputation s'est construite sur une grande part d'ignorance de la part des autres. Et puis, mes sbires s'amusent certainement plus que moi au cours des rafles.
Que penses-tu de la monarchie des Maîtres, du bellicisme des Rafleurs, de la persécution des Chimères et des aspirations des Rêveurs ? ─ Les Maîtres sont des doux rêveurs qui s'assoient sur leur pouvoir, mais qui sont incapables de le défendre. Ils ne le méritent pas. Ils méritent juste de mourir, si possible de ma main ; voilà bien un privilège que je n'accorderai à personne d'autre. Le bellicisme des Rafleurs est quelque chose que j'ai souhaité, de la même façon que la persécution des Chimères. Pour moi, il s'agit d'actes de vengeances. Je les hais. Quant aux Rêveurs... ce sont juste des idiots, mais des idiots qui peuvent servir à mes plans si j'arrive à les employer correctement.
Profil Psychologique
Pour beaucoup, Hurle n'est qu'un monstre. D'une certaine façon, d'ailleurs, c'est ce qu'il est. Il ne connaît ni la pitié, ni la compassion, ni la générosité. Sa mère a pu lui inculquer de telles valeurs, mais elles sont mortes et enterrées avec elle. Quelque chose s'est brisé en lui ce jour-là, et depuis, il manque quelque chose à Hurle. Le vide à l'intérieur de son âme le fait souffrir, à tel point qu'il s'est reconstruit autour de la haine, en particulier celle envers les Chimères. Peut-être est-ce aussi une façon de se voiler la face. Hurle, d'une certaine façon, se déteste lui-même. Il abhorre la faiblesse, parce que c'est à cause d'elle qu'il a toujours été impuissant. Impuissant à sauver sa mère, impuissant à protéger sa sœur. Il sait très bien qu'il ne pourra jamais recoller les morceaux. Que le mal est fait. Alors il cherche à se venger du monte entier en général, et des Chimères en particulier. La raison est entièrement liée à la mort de sa mère. Sans cela, il aurait sans doute été un brave jeune sans histoire. Il se cherche une raison de vivre. Il ne prête même plus attention aux conséquences de ses actes. Aux vies qu'il sacrifie sans vergogne. Il n'a plus beaucoup de respect pour personne, à quelques exceptions près. Comme s'il avait perdu foi en l'humanité, à commencer par la sienne. Pourtant, il n'est pas encore damné, il est encore capable d'amour. D'amour pour elle, Aradia, sa petite sœur, sa protégée, le cœur même de son âme. Il ne lui reste plus qu'elle ; et sans elle, il se serait déjà laissé mourir. Elle est sans doute la seule personne qui pourrait influencer ses décisions, qui pourrait adoucir son cœur, calmer ses ardeurs... mais un gouffre se creuse entre eux, un gouffre dont il n'est guère conscient.
Histoire
Chapitre 1
Lorsqu'elle était arrivée dans sa vie, il aurait souhaité qu'elle ne vînt jamais. Ne formons-nous pas une véritable famille ? Quel besoin y a-t-il d'y ajouter un bébé vagissant, incapable de se débrouiller par lui-même, qui sera plus une charge sur le foyer qu'autre chose ? Le garçon se tenait sur le pas de la porte de la chambre où sa mère était en train d'accoucher. Il entendait ses cris et ses gémissements traverser la porte. Ces sons le dérangeaient. Non qu'il compatît avec la souffrance de sa mère ; à treize ans, le garçon était déjà à un stade où il cherchait à s'émanciper d'elle. Était-ce pour cela qu'elle avait décidé d'avoir un bébé ? Pour le punir d'être en train de devenir grand ? Il serra les poings. Lui, il n'y pouvait rien. Il était certes tout le temps en conflit avec sa mère, mais ce n'était jamais bien méchant. C'était juste sa façon à lui de devenir un homme. Sa façon à lui d'expérimenter l'adolescence. Il trouvait donc particulièrement injuste qu'elle osât lui imposer un nourrisson qui accaparerait tout son temps. Ce n'était pas ce qu'il désirait. Il voulait que ce soit lui qui partît, et non l'inverse. Depuis qu'elle lui avait annoncé qu'elle était enceinte, le garçon se sentait à l'abandon. Il avait presque l'impression de ne plus être aimé.
La sage-femme finit, après de longues heures d'attente, par lui demander d'entrée. Le garçon se releva, se composa un visage dur - un visage d'homme, comme il aimait à penser - et pénétra dans la chambre. Il observa sa mère d'un air mauvais ; ce n'était pas la première fois qu'il ferait cela, et ce n'était certainement pas la dernière. La femme était allongée sur le lit, en sueur, une expression exténuée au visage... exténuée, mais euphorique. Elle tenait entre ses bras une petite boule de chiffon, comme une sorte de ballot de linge sale, que le garçon identifia sans problème. L'enfant. « Regarde comme elle est belle ! » : s'extasia sa mère en lui tendant le linge sale, et il ne fit pas un geste pour le prendre. Pourquoi s'encombrer de ce bébé ? Ce n'était pas comme s'il l'aimait. Sa mère ne parut cependant pas surprise par son geste, et rapprocha le ballot de son corps, dans un geste si empli d'amour que cela dégoûta le garçon. « Elle s'appelle Aradia. » Le garçon haussa les épaules, indifférent au nom que le bébé pouvait porter. Comme si cela allait changer quelque chose à sa propre vie. « Je te souhaite bien du courage avec elle. » : rétorqua-t-il d'un ton dégoûté avant de quitter la pièce. Dire qu'il se soit fait du souci pour elle et pour son accouchement le rendait malade.
Il était resté aussi éloigné qu'il l'avait pu. Il s'était refusé à approcher de trop près cette sœur qui lui volait, d'une certaine façon, l'amour de sa mère. Le garçon n'avait pu la moindre envie de s'éloigner d'elle. Pas alors que ce n'était pas lui qui en avait décidé ainsi. Il passait beaucoup de temps dehors, à traîner, à se battre avec des inconnus, tout, plutôt que de rester dans son foyer. C'était devenu, pour lui, la véritable prison. Il détestait tellement cet endroit qu'en comparaison, le reste de Gefängnis lui offrait un sentiment de liberté incomparable. Quand il rentrait chez lui, il faisait tout pour passer le moins de temps possible près de sa mère ; le plus souvent, il rentrait très tard et allait se coucher directement, de sorte que cela lui épargnait de lui parler. Il était cependant tout de même dérangé par les cris du bébé, celui d'un bébé tout à fait normal, entouré de l'amour de ses proches. Sauf de celui de son frère. Lui aussi, il aurait aimé hurler.
Vint le jour où sa mère tomba malade. S'occuper d'un enfant en si bas âge était une charge qu'elle ne pouvait assumer seule. Aussi demanda-t-elle à son fils : « Occupe-toi d'Aradia. » Il ne voulait pas. Absolument pas. Mais sa mère n'avait pas la force de le faire par elle-même. Elle devait se soigner, se reposer, pour reprendre des forces par la suite. Et le garçon ne put lui dire non. Aussi prit-il la petite dans ses bras, non sans réticence ; aussi lui donna-t-il à manger, la changea-t-il, veilla à ce qu'elle dormît bien. Le premier jour, ce fut une torture. Elle était si inutile. Elle lui causait tant de problèmes. Il ne savait pas ce que l'enfant voulait. Avait-il faim, avait-il soif, avait-il envie de s'amuser ? Ou peut-être demandait-il simplement un sourire de la part de son grand frère ? Un sourire qu'il n'arrivait pas à lui donner... Le second jour, il prit sur lui et fit de son mieux pour que l'enfant n'eût pas à souffrir. Pourquoi le faisait-il ? Le garçon aurait répondu que c'était pour ne pas déranger sa mère, qui dormait pour reprendre des forces. C'était peut-être vrai. Mais il fit plus attention à sa sœur : il veilla à ne pas se montrer trop brusque avec elle, vérifia que sa nourriture n'était pas trop chaude, qu'elle n'avait pas trop froid. Quand il alla la coucher, il hésita même à avoir un geste de tendresse envers elle. Il n'en fit rien. Ce n'était jamais qu'un bout de chair rose dont il était obligé de s'occuper. Les jours passèrent. Le garçon ne sortait plus, d'abord parce qu'il n'était pas certain de savoir bien s'y prendre avec ce bébé qui était si cher aux yeux de sa mère et qu'il devait aussi vérifier que cette dernière se portait bien. Puis, progressivement, parce qu'il n'avait pas envie de partir. La petite était fascinante. Elle semblait presque comprendre instinctivement que celui qui s'occupait d'elle n'avait pas particulièrement envie de le faire, et elle faisait tout pour l'attendrir. Elle ne pleurait presque pas. Elle lui faisait des sourires, et le garçon, qui n'avait pas la moindre connaissance du monde des bébés, devinait cependant qu'à leur naissance, les nourrissons ne le faisaient pas. Elle était à un âge où elle était plus éveillée, où elle pouvait donc essayer de le charmer. Il résista. En vain. Plus le temps passait, et plus il se sentait attaché à elle. Il n'aurait su dire pourquoi. Mais un matin, il s'était réveillé et s'était penché sur son berceau. Elle dormait profondément, sage comme une image. Il la souleva avec délicatesse, la détailla d'un regard neuf. « Aradia. » C'était la première fois qu'il prononçait son nom, cela lui faisait bizarre. Il avait l'impression de lui donner une existence réelle. De l'accepter, pleinement. En tant que grand-frère, il avait une responsabilité. Il devait être là, pour elle. Ce jour-là, sa mère se sentit assez en forme pour de nouveau s'occuper de l'enfant. Mais quelque chose avait changé au sein de la famille. Désormais, le garçon lui donnait un coup de main. Il le devait. Pour Aradia.
Chapitre 2
De la chaleur. Une chaleur plus chaude encore que tout ce qu'il avait expérimenté jusque là. Chaudes étaient les larmes qui coulaient le long de ses joues. Chaud était l'air qu'il inspirait et expirait de façon irrégulière. Tout, autour de lui, était chaud ; mais son cœur, lui, était froid. Froid comme le cadavre allongé au sol, les yeux exorbités, ouverts sur un monde qu'ils ne reverront jamais. Il sentit ses genoux se dérober sous lui, alors qu'il s'approchait d'elle. Sa mère. Morte, désormais. Il passa la main dans ses cheveux poisseux, sur son visage blanc. Lui ferma les yeux avec douceur. Puis le jeune homme se releva, une expression figée sur le visage. Déterminé. Il était déterminé à ne pas laisser ce crime impuni. A ne pas laisser sa mère mourir seule. Son meurtrier devait la rejoindre dans la tombe. C'était une chimère. Le jeune homme l'avait vue, il avait reconnu l'éclat du métal briller sur son corps de chair. Ses traits étaient gravés dans son esprit. L'éclat maléfique de ses yeux. Le sourire qui tordait ses lèvres. La cascade de cheveux qui lui mangeaient la face. Ses couleurs, ses formes, ses ombres. Il les avait en tête. Il n'oublierait jamais.
Il se serait sans doute laissé aller. Il en avait terriblement envie. Mais il ne pouvait pas. Son heure n'était pas encore venue. Il y avait une autre personne qui comptait sur lui. Aradia... Elle était là, quelque part, en haut. Sans doute en train de dormir dans sa chambre. Peut-être était-elle réveillée. Peut-être allait-elle se réveiller. Le jeune homme avait évacué de ses pensées sa mère, la chimère, l'état de la maison, qui était en train de prendre feu. Il ne pensait qu'à elle. Alors il allait braver les flammes. Elle, il pouvait faire quelque chose pour elle. Il n'était pas impuissant. Il passa la porte qui menait au couloir, et une flammèche vint lécher son visage. Il ressentit une vive douleur qu'il ignora. Il était beaucoup trop concentré à sa tâche pour cela. Il la vit. Assise sur une marche, silencieuse et calme. Le cœur du jeune homme se serra quand il la vit. « Aradia ! » Il devait la sauver.
Au final, il ne resta qu'eux. Sa petite sœur et lui n'avait plus rien, tout avait brûlé. Lui-même n'était pas indemne. Son visage était en partie brûlé, des séquelles de cette nuit-là, quand il avait affronté les flammes pour sortir de là avec sa cadette. Il s'était montré indifférent à la douleur. Peu importait ce qui lui arrivait, à lui, du moment qu'Aradia était saine et sauve. Elle en était sortie physiquement indemne. Mais intérieurement, les choses n'étaient pas aussi simples. Aradia ne disait rien. Elle ne refusait pas de parler, c'était simplement que rien de sortait d'elle ; et au bout d'un moment, le jeune homme finit par comprendre que l'enfant était muette. Qu'elle était blessée intérieurement, si profondément qu'il ne pouvait rien pour elle. Cela le rendait malade. Il chercha un travail. Il ne fit guère le difficile, il accepta ce qui se présentait à lui. Tout ce qui lui importait, c'était d'avoir assez argent. A présent qu'il n'y avait plus leur mère, il était devenu l'adulte de la famille. C'était une charge difficile. Il ne savait pas forcément comment s'y prendre avec une petite. Il savait certes jouer au grand-frère, qui pouvait lui faire plaisir car il connaissait bien ses goûts. Il pouvait jouer avec elle, lui dire des mots gentils, lui ébouriffer les cheveux. Mais remplacer sa mère ? Il ne le pourrait certainement jamais. Il n'avait rien de la douceur féminine ou de l'assurance que peut avoir une mère face à sa fille. Il se retrouva vite débordé. Quand il travaillait, il s'inquiétait pour Aradia, parce qu'il n'était pas là pour elle. Quand il rentrait à leur domicile - il avait déniché un petit logement qui ne lui coûtait pas trop cher -, il était submergé par toutes les tâches que nécessitait l'entretien d'un foyer. Il n'aurait jamais cru que sa mère serait aussi courageuse. Et elle avait eu le temps de s'y préparer. Lui, cela lui tombait dessus du jour au lendemain. Il n'aurait jamais pensé que cela lui arriverait. Et puis, il était si jeune. Il n'avait même pas vingt ans, et à ce rythme, il allait être privé de sa jeunesse.
La haine était trop forte. Le jeune homme la ressentait, à chaque jour qui passait. L'envie de tout détruire. De tuer de ses propres mains le meurtrier de sa mère. Pire encore, il se rendit bientôt compte qu'il nourrissait une haine pour le monde entier - quand bien même son monde se réduisait à une prison. Quand il sortait dans la rue, il n'était plus le même qu'avant. Il ne souriait jamais. Il ne déviait jamais de sa route, ne se laissait jamais interpeller par personne. Il marchait les mains dans les poches, pour qu'on ne se rendît pas compte qu'il avait toujours les poings serrés. Dès qu'une personne le contrariait, il se retenait à grand-peine de ne pas la frapper ; et parfois, il ne se retenait même pas. Il déclencha des bagarres dont il était le seul à rester debout, au final. Certaines blessures étaient graves. Il s'en fichait. Tout cela ne parvenait pas à calmer la douleur de son cœur. Plus que tout, il se sentait coupable. Coupable de ne pas avoir réussi à protéger sa mère alors qu'il était l'homme de sa famille. Coupable de n'avoir pas pu empêcher la souffrance de sa sœur. Coupable de ne pas être capable de lui offrir une vie meilleure. De n'être jamais qu'un gamin incapable de se comporter en adulte. Sa culpabilité était si forte qu'elle menaçait de le détruire. Parfois, il avait le regard si noir, même dans l'intime confort de son logement, que cela devait effrayer sa sœur même. Il avait beau essayé de tout supporter, de porter ce fardeau vaillamment sur ses épaules, sans jamais se plaindre... Il n'y arrivait pas. Il avait envie de pleurer. Envie de hurler au monde à quel point il détestait la vie, à quel point il détestait les chimères. Pour lui, elles étaient les véritables responsables. Ce n'était pas totalement rationnel ; c'était simplement sa façon de voir les choses. Il lui fallait un coupable, il en avait un tout désigné. Et, c'était décidé désormais : il allait agir.
Chapitre 3
« Dès à présent, nous allons entrer dans une nouvelle ère. Une ère dans laquelle nous ne serons plus des victimes, mais où nous serons craints et respectés. Les gens nous haïront très certainement. Ils diront que nous ne sommes que des monstres. » Une pause. « Mais nous-mêmes, nous haïssons ces gens-là. Ces personnes bien pensantes qui croient pouvoir dicter la façon dont nous menons notre existence... Mes frères ! Ne nous laissons plus faire ! Le futur nous appartient ! » Quelques acclamations, encore bien peu nombreuses, accompagnèrent la fin de son discours ; peu nombreux, car ils n'étaient même pas une dizaine à se tenir dans la pièce de dimension carrée, deux mètres sur deux mètres, serrés sur deux bancs de bois usés. Le jeune homme s'en fichait bien. Pour le moment, ils lui suffiraient pour parvenir à ses fins. Il avait plusieurs mois à les réunir. Des personnes comme lui, qui nourrissaient des griefs profonds. Qui avaient perdu quelque chose qu'ils ne pourraient plus jamais retrouver. Qui n'avaient plus rien à perdre, ou si peu. Des gens qui pourraient lui servir à prendre sa revanche sans mettre Aradia en danger. Ce n'était que leur première réunion, mais déjà, il les considérait un peu comme ses pions. Des pions d'une valeur certaine, qui lui seraient peut-être même plus utiles que tous ceux qu'il réunira par la suite ; mais des personnes qu'il comptait utiliser. Ils suivraient ses ordres à lui. Ils seraient les premiers à le reconnaître comme un chef. Rien que pour cela, le jeune homme était prêt à faire preuve d'une certaine tolérance à leur égard. Ils n'en étaient encore qu'à leur début, son intérêt n'était donc pas de les faire fuir. Il se montrerait dur plus tard. Quand ils ne pourraient plus s'échapper. Il s'assit à son tour, sur le seuil fauteuil individuel disponible dans la pièce. Ce n'était pas grand-chose, juste un symbole. Il observa un à un les visages de ceux qui tenaient devant lui. Et il devinait déjà certaines de leur pensée. Quelques uns admiraient son initiative et étaient prêts à le suivre, peu importait ce qu'il envisageait. D'autres, en revanche, étaient des ambitieux. Certains pensaient que, tôt ou tard, ce groupe qui se formait allait devenir plus important, peut-être au point de prendre le pouvoir - le jeune homme de dix-neuf ne pouvait exclure cette possibilité, même s'il faisait de la chasse à la chimère une priorité -, et ils pourraient alors récupérer de bonnes places. Et d'autres espéraient peut-être se faire bien voir de lui. Le fondateur en était bien conscient. A partir de maintenant, son existence allait radicalement changer. Il ne serait plus question de vivre dans son coin, bien tranquillement. Il allait devenir l'acteur de sa vie. Il allait devenir, en quelque sorte, l'ennemi public numéro un. Les premières questions commencèrent à fuser. Quels seraient les objectifs de leur groupe ? Il répondit patiemment qu'il s'agissait avant tout de se lancer dans une traque et que leur objectif primordial serait de tuer. Il remarqua d'office que deux ou trois personnes s'agitèrent sur leur siège, un peu mal à l'aise, et il se promit de garder un œil prudent sur elles, au cas où. Qui pourrait entrer ? Pour le moment, il n'y avait guère de critères de recrutement, la volonté était primordiale ; toutefois, les Chimères étaient d'office exclues, cela allait sans dire. Quelle serait la hiérarchie ? Il prévoyait un système de rangs qui permettraient aux meilleurs - aux plus zélés et aux plus efficaces, ajouta-t-il mentalement - de monter en grade et de l'aider à prendre ses décisions ; il allait cependant sans dire que c'était lui qui décidait au final. « Et quel sera le nom de notre groupe ? » : demanda quelqu'un, en tout innocence. Le jeune homme ne sut d'abord pas quoi répondre. C'était justement la question la plus importante qu'il se posait, celle à laquelle il n'avait pas réussi à répondre pour le moment. Il n'avait pas beaucoup d'idées, du moins, rien de bien intéressant. Il fallait quelque chose qui serait attirant et effrayant à la fois, facile à retenir sans être trop simple non plus. Un mot qui refléterait leurs actes, qui ne laisserait aucune ambiguïté face à ce qu'ils comptaient faire. Un nom comme... « Les Rafleurs. » : choisit-il avec un sourire de prédateur.
Les Rafleurs. Ils attiraient de plus en plus de monde. Ce qui n'était au départ qu'un groupuscule minoritaire, qui ne devait comprendre que des marginaux aux idées farfelues, se développa assez rapidement, même plus vite que ce que son fondateur avait prévu. Il faut dire qu'il n'était pas le seul à nourrir de la rancune vis-à-vis des Chimères, même si tout le monde n'avait pas une raison aussi personnelle que la sienne. Et puis, il y avait la masse de gens qui n'était pas réellement motivés par la haine, comme lui ; ils étaient simplement violents, et ils avaient besoin d'un groupe afin de ne pas être abattus par cette société carcérale. Ils voulaient faire le mal, et le chef avait besoin de pions. Leur rencontre était donc toute naturelle. Les mauvaises graines sont faites pour croître ensemble. Et comme il y avait beaucoup de personnes sans sentiments, il y avait aussi quelques problèmes. Le jeune homme les régla à sa façon. En se montrant radical. Les Rafleurs durent très vite comprendre que l'homme qui se tenait à leur tête ne plaisantait pas. Il avait un objectif, et il était à tout pour y arriver. Absolument tout. Leur vie ne représentait rien à ses yeux si elle ne servait pas ses buts. Cela ne le dérangeait même pas.
Il y avait ce jeune - bon, jeune, c'était un peu exagéré, il ne devait pas avoir beaucoup d'années en moins que lui au final, même si c'était un adolescent - qui avait impressionné le fondateur. Sans doute la première personne, parmi toute sa bande, à ne même pas avoir songé à discuter ses ordres ; cela se lisait sur son visage. Quelqu'un qui ne paraissait pas vraiment dérangé par le fait de tuer des gens pour des raisons que l'on pourrait qualifier des raciales. Quelqu'un qui ne voyait aucun problème au fait de suivre les ordres d'un homme qui n'allait pas beaucoup sur le terrain - un des reproches qu'on lui faisait, hélas, beaucoup trop souvent. La rafle avait failli mal tourner, avait-il entendu dire ; mais, comme on le lui souligna soigneusement, elle avait quand même été une réussite. Tout le monde savait à quel point il ne supportait pas les échecs ; il était à peu près aussi tolérant qu'envers les Chimères, sur ce point. L'officier qui fit son rapport fut donc soulagé - mais surpris - quand le chef des Rafleurs lui demanda qui était cette personne qui avait permis que la mission fût malgré tout couronnée de succès. « Lui ? C'est simplement un perdu, répondit l'officier, qui attachait beaucoup d'importance au fait qu'il était né à Gefängnis. Il n'est pas très intéressant... » Le regard noir que lui lança le jeune homme le coupa net dans sa phrase. « Je t'ai posé une question. » L'officier déglutit, impressionné. Tous deux savaient très bien qu'il avait fui ses responsabilités, et que le perdu en question était le seul à avoir cru jusqu'au bout qu'ils avaient une chance. Aussi jugea-t-il plus prudent de répondre : « Lancelot Walker. » Quelqu'un qui portait un nom de famille. Qui venait de l'extérieur. D'un endroit où les gens étaient libres, tout simplement. Pour en être arrivé là, ce n'était certainement pas un enfant de chœur. Comme si cela pouvait déranger le chef. Il aurait parfaitement été capable de tuer son officier de ses propres mains, juste pour avoir failli une fois. L'homme, d'alleurs, avait peur que cela arrivât effectivement. Toutefois, il fut sauvé par le fait que le fondateur était intrigué ; il avait donc autre chose en tête. Il le laissa ruminer sur son sort sans rien dire. Il ne savait pas encore s'il lui donnerait une autre chance.
Les recrues furent paniquées en voyant le maître des Rafleurs arriver dans leurs quartiers. C'était sans doute la première fois depuis la fondation du groupe - certes récente - que l'on le voyait dans un tel lieu. A vrai dire, le jeune homme lui-même se demandait presque ce qu'il faisait là. Presque. Il avait envie de le voir. De découvrir qui était cette personne qui s'était avérée la plus fiable de ses subalternes. Il avait l'air d'un adolescent normal, et pourtant... Quelle était cette lueur, au fond de ses yeux ? « Bon travail. » : lâcha-t-il avant de repartir.
Chapitre 4
La grande salle à manger était plongée dans un silence étrange. On n'entendait absolument rien, pas même les bruits de pas du chef des Rafleurs quand celui-ci se promena autour de la table, le visage fermé. Il était parfaitement conscient de ce qu'il y avait autour de lui. Il n'était pas seul. Il y avait bien d'autres personnes autour de lui. Des corps inanimés, gisant des positions diverses, parfois grotesques ; aux vêtements teintés de rouge et les cheveux collants d'écarlate. L'homme, nullement impressionné, observait chaque visage aux traits figés en une expression de terreur pure. L'un d'entre eux avait des cheveux faits de fils de soie. Une autre serrait la main sur sa gorge ouverte, gorge autrefois recouverte d'argent - ou un métal ressemblant, il ne faisait pas la différence. Il y avait même une jeune fille de quinze-seize ans, une jeune fille qui lui fit curieusement penser à Aradia. Mais ce n'était pas elle. Sa sœur était en vie, en sécurité loin de tout cela. Loin de ces monstres qui les menaçaient et qui leur avaient tout pris. Il ne se sentait pas coupable. Responsable, très certainement. Il n'avait pas tué de ses propres mains toutes ces personnes. Il avait d'autres choses à faire que de délivrer lui-même la mort à des personnes insignifiantes ; il préférait s'occuper de ceux qui avaient un minimum d'importance. Logique que le chef s'approprie les meilleures cibles. Là, ce n'étaient que de vulgaires détenus sans histoire, qui acceptait sans protester la domination des Trois Dirigeants. L'homme retint une grimace. Le temps passant, il avait ressenti une nouvelle aspiration naître dans son cœur. Il n'était plus tout à fait le même qu'à ses débuts. Il ne se sentait pas malade de voir toutes ces morts. Cela ne le réjouissait pas non plus : il avait simplement l'impression d'exercer sa vengeance et... bon, d'accord, ça lui faisait plaisir quand même. Parce que d'une certaine manière, il était le responsable de leur mort. Celui qui avait décidé qu'ils n'étaient plus dignes de vivre, celui qui avait emmené ses hommes dans cette pauvre maison ; et celui qui, désormais, les regardait avec une indifférence glacée. Leur mort ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle était simplement dans l'ordre des choses. Ah, comme il avait changé. Même lui s'en rendait compte. Sa façon de se comporter, plus distante. Son ambition, exacerbée. Son amour, progressivement éteint. Il n'y avait guère qu'une personne qu'il aimait sincèrement. Et une seule autre qu'il pouvait réellement considérer comme son ami. Pour le reste... ce n'étaient que des pions. Les sentiments le dérangeaient beaucoup. Il avait presque cessé d'en ressentir. A part la haine. Elle était tenace, celle-là. Plus les Rafleurs croissaient, et plus l'homme avait senti la haine s'ancrer dans son cœur. Il n'avait rien fait contre. « Nous avons fini l'inspection des lieux, lança une voix familière dans son dos. Rien à signaler. » L'homme ne se retourna même pas. Sa confiance était totale, de sorte qu'il n'éprouvait aucune gêne à savoir quelqu'un d'armé évoluer dans son dos. Mais il n'y avait qu'avec lui qu'il pouvait agir ainsi. Avec son second. « Et concernant... l'autre chose, Walker ? » L'autre chose. La traque était l'objectif premier des Rafleurs ; mais depuis quelques temps, l'homme pensait à un autre. Une idée qui l'obsédait. Une idée qu'un certain nombre de ses subalternes partageaient, d'ailleurs ; parfois au point de désirer en faire une priorité. L'homme n'était pas idiot. Pour le moment, ses chances étaient minimes, et puis, il préférait voir mourir les chimères plutôt que de satisfaire sa dévorante ambition. Ce qui ne voulait pas dire qu'il allait y renoncer. Mais les Rafleurs étaient une chose ; conquérir le pouvoir en était une autre. Et son second, lui, était parfaitement d'accord avec cette distinction. « J'ai peut-être quelque chose d'intéressant. » Un sourire apparut sur les lèvres du chef des Rafleurs. C'était une bonne nouvelle, pour sûr. Il pensa à Aradia. Se demanda ce qu'elle penserait de tout cela. Comme elle ne parlait pas, il était bien dur d'avoir une conversation idéologique avec elle. Il comprenait un certain nombre de choses simples, en fait, tout ce qui touchait au quotidien. Il pouvait deviner ce que voulait manger Aradia, si elle était contente de sa journée ou non, ce qu'elle comptait faire. Mais le reste... ? Il n'en avait pas la moindre idée. Elle était, par certains côtés, presque une inconnue. Et il lui semblait, cependant, qu'elle s'éloignait de lui. Qu'elle recherchait moins la proximité physique qu'autrefois. Elle devenait adulte. C'était sans doute normal, aussi ne s'inquiétait-il pas véritablement. Et puis, si elle réprouvait ses actions, elle aurait certainement trouvé le moyen de le lui faire savoir. Après tout, il aurait fait n'importe quoi pour elle, et pour satisfaire le moindre de ses désirs. Il aurait même été jusqu'à épargner une chimère si elle le lui avait demandé - pour mieux massacrer la prochaine à croiser son chemin. Elle n'avait rien à craindre de lui, il ne lui ferait pas de mal. Pas alors qu'il se persuadait qu'il agissait pour elle.
« Faîtes tout brûler. »
Abschaum
Créature
Feuille de personnage ÂGE: D'apparence, une vingtaine d'années. OCCUPATION : Gardienne des Eaux ADHÉSION : Allégeance au Roi
Bienvenue à toi, Hurle! Je suis ravie de voir un Hurle parmi nous! Je te souhaite bon courage pour ta fiche et surtout, si tu as un quelconque problème, tu peux me mp! Moi, ou un de mes collègues adorés :3
Seigneur, cette fiche! Tu t'es parfaitement approprié Hurle et je n'ai rien à redire. J'aime beaucoup ton écriture, la façon dont tu as tourné les choses. J'adore ton Hurle, je le trouve attendrissant et profond. J'espère de tout coeur te croiser pour un rp avec un de mes comptes! Bref, je te valide vite vite parce que tu le mérites **
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