AC II ▬ Ezio's Family

Ces odeurs qui flottent dans l'air. Elles gravitent et l'imprègnent. C'est humide, terreux, chlorophyllien. A peine une brise, un souffle. Les branches rigides qui caressent le blanc trop tendre, les branches qui s'écartent, cinglantes. A peine un bout contre la peau. A peine ce vent, ce bois qui tranche. Tout n'est que soumission sous les pas du fantôme. Tout est passage facile. Dans le silence lourd, dans le silence cruel, il y a ce bruit, cet éternel bruit d'horloge trop bien réglé qui déchire les temps. Et ça tape. Tape contre les tympans. Ça tape dans le coeur. Ça tape dans la tête. Ça vous maltraite, ça résonne dans la boîte crânienne. Tic sur tac. Tac sur tic. C'est l'éternelle torture de l'âme perdue. Inquisition vous suivant où que vous alliez, derrière vous, elle vous admet, elle fait capituler vos moeurs. Elles mordent à la poussière. Raclent le sol de désespoir et meurent. Meurent sous vos yeux. Vos yeux maintenant vides, sans sens. Vos agonies râlant dans vos tripes, la mâchoire trop serrait, vous observez.

Vous sentez…

Vous sauterez…

▽△▽

L'herbe grasse se couche lorsque le tissu blanc de ta robe passe sur les pointes. Ta cape de velours immaculé ondulant à peine dans l'air, et la peine brise s'insinue contre ton cou, jouant avec tes cheveux d'une blancheur irréelle. Alors tes pas se frottent tel une ombre, dans l'espace silencieux où seule l'horloge discute. Les yeux opalins se baladant contre les feuilles maintenant faites de vie verte, et le bois fait de bois, tu découvres une chauve-souris pendue et endormis sous quelques pages végétales. Tu pourrais presque sentir son souffle...

Mais c'est autre chose que tu sens...

Alors tes yeux se détournent et tu passes ton chemin, émiettant au passage quelques morceaux de biscuits secs à l'intention des animaux qui dans les buissons et les branchages, détaillent ta silhouette, prévoient les présages.

Du bout des doigts devenues rosâtres à cause de l'atmosphère trop fraîche, voir froide, tu touches du bout de l'index la chaîne en argent du collier qui scie la base de ton cou, sentant la présence d'une étrange perle translucide aux allures bleutés. Souvenir s'imposant au-dessus de ton coeur, l'esprit divaguant quelque part, dans un autre lieu qu'ici, et ...

A un moment le long ruban clair retenant ta cape se coince dans une branche, te stoppant net et le dénouant dans la volée, la lourde étoffe qui s'échouant sur la terre humide, tes cheveux se libérant, couvrant ton dos serrait dans de la dentelle blanche et un craquement se faisant entendre.

Pas celui de la branche....

▬ Vous savez qu'observer les gens de la sorte n'est pas des plus gentlemen..., Ta voix se dessinant dans l'air comme une esquisse fine et fluide, douce et rêveuse, presque irréelle, ...Vous venez de faire fuir un écureuil...

L'animal en question, dans l'angoisse au loin, plusieurs temps en arrière, s'échappe de la scène, bien trop peureux. La chose était imperceptible à celui qui vit dans la facilité. A celui qui ne pense plus. Alors c'est ton corps qui se tourne, faisant face à une horde d'hommes et de femmes aux carrures dangereuses, le ricanement facile.

Pauvres fous...

▬ Laissez donc vos sens en alerte au lieu de penser que vous avez gagnés... la forêt est dangereuse sous ses airs paisibles...

Un pas un avant.
C'est la valse qui commence...

Un pas en arrière et tel le fantôme que tu es, tu traverses les arbres et buissons dans une course joueuse. Laissant derrière toi le bruit terrible de la chasse, dans ta bulle...

Tu es gagnante.
Ou presque.
Tic ou tac ?